Amuse bouche, French Baguette et canapé
- Sabrina, t’as déjà mangé de la chèvre ?
(mais qu’est ce qu’il me raconte, font chier ces Anglais à parler anglais, je comprend rien)
- Euh, non jamais
- Bah faut dire que quand même c’est bizarre de manger de la chèvre, hein ?
(mais de quoi on parle là au juste ?)
- Euh non, c’est… original
- Quoi c’est quoi le problème avec la chèvre, hein ?! Vous croyez que c’est pas bon , c’est ça !!!!???!!!
(Putain jvais créer un incident diplomatique 12 sur l’échelle de Richter-la-head-chef sans même comprendre de quoi on est en train de parler !)
- Non pas du tout, au contraire, j’aimerais bien gouter !
(Ah elle sourit, c’est bon signe… ou peut être pas d’ailleurs, oh merde, qu’est ce que je viens de dire, qu’est ce qu’elle va me faire, à quelle sauce je vais être mangée ?)
Voilà, ça c’est une discussion qui m’est arrivée. Et cette phrase n’est même pas Française, mais c’est pas de ça qu’on disserte à l’heure actuelle, alors s’il vous plait on reste concentré sur la chèvre. Car non, je ne m’étais pas trompée, on parlait bien de chèvre. C’était au menu d’hier soir. Le rose, c’est moi, le bleu, c’est le bar-man-qui-se-la-pète, et le rouge, c’est la head chef, la big boss de la cuisine. Tous ces gens n’ont pas de nom. Enfin, en théorie ils en ont, mais dans ma tête ils en ont pas, déjà parce que c’est des noms anglais auquel j’ai rien compris, ensuite parce que y a au moins 50 personnes dans le staff (je voulais mettre 2000 mais je savais pas comment l’écrire ironiquement, alors bon je me rend, y en a surement que 50) et SURTOUT parce que c’est plus marrant de leur donner des surnoms. Y a le cuisinier-hobbit, le serveur-casse-partout, le Mexicain, Laura Ingalls, Mister Ananas, Becky (comme dans How I meet your mother) etc. La, en l’occurrence, le bar-man-qui-se-la-pète voulait se la péter en disant des méchanteries sur la cuisine de la head-chef. Et la head-chef, elle fait un peu peur, elle crie vachement fort et sur vachement de monde, et moi je voulais pas me faire prendre au piège et me fait crier dessus. Mais tout s’est bien fini, piquée dans son orgueil la head-chef m’a filé un gros bout de chèvre à la mousse de bacon et champignon roulée dans de la pâte feuilletée, c’est juste terrible (et en plus à commander au restau ça doit valoir 15 ou 20£ rien que ce bout de viande) j’ai méga complimenté la head-chef et le bar-man-qui-se-la-pète a fermé sa gu****.
Oui, je sais, j’ai plein de chose à vous expliquer et je raconte mes histoires de chèvre à la con pendant des pages et des pages ! Mais bon, c’était la première fois que je mangeais de la chèvre, c’est important ! A part ça je suis Commis Chef De Rang (et c’est pas une traduction, c’est le vrai intitulé du poste !), je suis un des 50 membres d’un staff qui sert seulement 20 tables, oui c’est un drôle de calcul, mais apparemment faut bien ça pour réussir le ballet des serveurs et des assiettes incroyables. Le restau est splendide, la vue sur le parc est magnifique, le menu est… toujours un peu incompréhensible en dépit des efforts que je fais pour piger, les assiettes sont quasi vides, mais ce qu’il y a dedans vaut son pesant de cacahuètes (ça veut dire quoi d’abord cette expression ?), enfin bref, c’est nouveau, c’est bizarre, c’est marrant, et ça fait un peu mal au pied. Aussi faut dire que c’est 10h par jour dont 9h30 debout, et une demie heure dans un préfabriqué pour manger ou se vautrer dans les canap’ à l’heure de « N’oubliez pas les paroles ». Donc je ne sais pas si j’ai une tête à claque (surement un peu) mais ce qui est sûr c’est que j’ai des pieds à cloques (comment casser l’ambiance). Mdr, vous voulez voir mes cloques ? (pour ceux qui connaissent pas, chui d’accord, c’est un peu glauque. Mais rassurez-vous, j’ai renoncé à l’idée de les prendre en photos, même si c’est le trophée de mon retour à la vie active !). A part ça je flippe environ 9h30/9h30 à l’idée de casser un truc, faut dire aussi que de tout temps j’ai été l’heureuse propriétaire de 2 mains gauches, je sais pas qui a ma main droite mais il serait temps de me la rendre, enfin j’essaye de pas trop y penser quand le pot à lait fait clic-clic-clic-clic-clic contre la tasse à café dans la plateau au bout de mon bras, et tout un tas d’anecdotes trop marrantes (enfin, pas sur le coup mais c’est pas grave, le coup finit toujours par passer).