Non mais oh, c'est qui le chef?
Morning glory!
Pour citer un des grands maitres penseurs du XXème et XXIème siècle : j'ai jamais eu autant de boulot. Et il ajoute souvent : le pire c'est que c'est vrai.
Alors voilà, dans la ligne des grands philosophes contemporains, j'ai jamais eu autant de boulot. Et évidemment j'adore ça! Les challenges se suivent et ne ressemblent pas, à l'honneur "faire manger du stinky bishop à des Anglais pas très aventureux, pour pas dire carrément chochotte, mais aussi "mettre du plomb dans la tête d'Emilie", "sortir les poubelles", "cuire une truite en croute de sel", "faire taire l'alarme à incendie", "ne pas changer", "éteindre les phares de la voitures" et finalement "faire la disctinction entre rêve et réalité" et "trouver LES couteaux". De quoi occuper un mois de novembre radieux (et le pire, c'est que c'est vrai) avec des évènements radieux (ou pas...).
Pour commencer, il y a eu le meilleur et le pire jour de ma vie. Un de ces jours qui commencent bien, Bruno Mars me berçant à travers Fishergate jusqu'à l'arrêt de bus près du Tesco, trip sous le soleil à travers la campagne du Lancashire que je commence à le connaître plus-que-par-coeur ce trajet mais que je l'aime toujours très fort, parce qu'il est peuplé de moutons, de vaches, de chauffeurs de bus qui m'appelent Love, de papis et de mamies so british qui se tiennent par la main, de maison en briques, et au bout mon manoir, et le soleil derrière. Les amis je vous le dis, l'Angleterre devient barjo, y a du soleil tout novembre!
Un de ces jours où quelques chefs grillent une cigarette dehors après le service du midi, les seuls 3 minutes de soleil et de vie sociale accordées dans la journée d'un chef, on discute de Desperate Scouswives, de Nigel is working today et de Red Bull VS Lucozade, et on va voir en cuisine si on y est. Ce jour en question dont je vous parle, les 4 chefs à glander dehors, c'était Lisa, Parker, Robbie et Nico. Oui, mon Nico à moi, promu de polish-le-verres à Lisa-l'a-remarqué-là-bas-dans-son-coin pour devenir Lisa-l'a-sorti-de-son-coin, et mon Nico à moi il est maintenant dans-la-team-de-Lisa. Avec tous les avantages que ça comporte : 15 heures de boulot pas jour, les pieds en compote, les doigts indécrassables, l'habit blanc de Jedi, un risque plus qu'acru de se chopper les doigts, et tout le bonheur en prime.
Je suis fière de lui, et c'était un joli tableau de le voir zoner au milieu de Lisa, Parker et Robbie. Jusqu'à ce que je réalise que c'était les 4 seuls chefs à bosser ce jour en question. Soit même pas la moitié des gens supposés être là.
Oups, y a personne pour cuisiner ce soir, alors que c'est Great British Menu soirée, plus le restaurant normal, super oups. Mais pas le temps de dire oups, si y a pas assez de cuisinier pour cuisiner, bah on va se démerder autrement. J'ai polish mes assiettes en un temps record, pousser tout le monde à se magner le cul, et à 4h de l'aprèm on était ready à aller aider la cuisine. Tailler les oignons, chopper les pommes, et faire les truites de Great British Menu de Lisa. Les mêmes qu'à la télé, et pourtant moi et la poiscaille c'est pas trop une histoire d'amour, mais quand y a urgence, y a urgence. Et vas-y que je t'attrape la bestiole toute gluante gouleyante, que je lui fais un massage au torchon, et que je te la farcie aux crevettes et coques, et qu'on la croûte dans le sel. Avec en fond sonore les transcendantes remarques de ma collègue adorable mais très con au demeurant "Dis Lisa quand t'ouvres les truites tu trouves jamais des bébés dans leur ventre?" et autres "Je viens de remarquer que le sel ça pique dans les bobos, ça vous fait ça aussi?". Et c'était une super aprèm (et allez savoir si après-midi c'est masculin ou féminin). Lisa elle te montre, puis tu te démerdes à recréer au mieux son Great British menu, en faisant des blagues au passage style "en fait je suis une espionne envoyée par la France pour te voler tes recettes". Pendant ce temps Nico il faisait les crêpes (enfin, les pancakes, mais on me la fait pas, je sais très bien que c'est des crêpes) et Steeve (ah je vous ai pas dit c'est trop atroce Steeve il a pris 1 tonne et demie, et pas une seule taille de costard, mon Dieu je voudrais trop pas être à la place de ses boutons) enfin bref Steeve il faisait les Scotch Quail Egg, vous savez les oeufs en croute de gras, trop la grosse marrade ces oeufs.
Et tout était presque près presque à temps. Pour le service le plus horrible de l'histoire du service. Avec Lisa qui faisait ses plats de Great British Menu dans son coin, Nico qui était arrivé depuis 3 jours et qui pour l'instant est meilleur pour tailler les honeycombed ou peser les ingrédients pour une recette, et juste Tom et Rob pour tout faire le reste. Mais bon, on l'a fait quand même, moi je faisais les thés, les cafés et des calculs super savants pour savoir comment rentabiliser les mouvements de Tom et Rob, et même que c'était la super chiotte, on s'en est pas si mal sorti. A la fin, comme d'hab on a graillé les restes de GBM, dont mes truites qui étaient du tonnerre de Brest, et Lisa elle m'a fait la bise (d'ailleurs depuis je me lave plus).
Depuis ce jour, je viens donner un coup de main à la cuisine. Même que c'est plus autant la panique, c'est juste que j'adore. Et puis y a mon amoureux, qui a définitivement adopté le style des chefs avec le benne en dessous des fesses et le tablier plein de farine (et crottage en tout genre). Et on s'éclate (dans tous les sens du terme, parce que quand même quand on rentre, on est genre complètement éclaté).